23 décembre 2019
In
Féminisme
Quand certains hommes prennent la parole sur le viol …
Je souhaiterais aborder un sujet qui m’a énormément choquée ces derniers jours : la prise de parole de deux youtubeurs sur le viol et ce qui en a découlé. Il y a eu une vidéo et une publication (qui a été supprimée).
On félicite les violeurs, on culpabilise les victimes
Internet est un outil formidable, mais parfois il me désespère. En effet, aujourd’hui, il est tout à fait possible que des hommes avouent ouvertement être des violeurs sans être, ni se sentir, inquiétés. Je sais qu’il y a une différence de traitement incroyable entre les hommes et les femmes mais je crois qu’elle a atteint son paroxysme la semaine dernière quand ces 2 youtubeurs ont pris la parole sur le viol et sur le fait qu’ils ont fait subir des viols conjugaux à leurs ex-compagnes. Je ne peux pas traiter tous les aspects de ces prises de parole mais je voudrais aborder deux points, le premier étant donc la différence de traitement entre les femmes et les hommes qui parlent de viol.
Ce qui m’a le plus choquée dans les deux cas, c’est qu’on a commencé par les féliciter. On a salué leur courage d’admettre publiquement leurs actes, d’oser ouvrir le débat. Alors que quand les femmes parlent des agressions qu’elles ont subies, on leur cracherait presque au visage, on les insulte, on les fait passer pour des menteuses, des opportunistes. On les culpabilise, on dit qu’elles l’ont bien cherché, on dit qu’elles n’avaient qu’à faire attention, qu’elles n’avaient qu’à pas s’habiller comme ci ou comme ça … Quand les féministes dénoncent, elles subissent des vagues de violence inouïes. Mais quand des hommes avouent avoir violé des femmes, on les félicite. Et d’ailleurs, dans cette logique, si on croit les violeurs, on devrait peut-être croire les victimes non ? Parce que s’il y a violeur, il y a personne violée. L’hypocrisie et le non sens ont encore de beaux jours devant eux.
Par ailleurs, si quelqu’un avoue ouvertement avoir commis un crime comme un meurtre, on ne salue pas son courage que je sache ? Le viol est un crime comme un autre, je tiens quand même à le rappeler.
Le viol et les agressions sexuelles sont beaucoup trop dédramatisées
Je souhaite aussi revenir sur la façon dont on parle du viol, à savoir que lorsqu’on évoque le viol, on parle de ça comme d’un « moment désagréable ». Ce n’est pas dit dans ces termes là, mais c’est toujours ce que cela sous-entend et ça me perturbe énormément. On ne parle jamais de ce que les victimes ont ressenti et ressentent, on ne parle pas de la violence de l’acte. Non, on dédramatise au maximum, on le banalise même parfois quand on ne le nie pas. Dans ce cas là, j’ai été assez perturbée de voir un des youtubeurs parler de viol d’une façon extrêmement décontractée. Ce n’est absolument pas approprié et c’est irrespectueux envers les victimes.
Ce n’est pas approprié parce que toutes les victimes d’agressions sexuelles et de viol vous diront que c’est un véritable traumatisme, un enfer, une peur inouïe, un sentiment de honte qui vous ronge et la liste est loin d’être exhaustive. Cela entraine et engendre des conséquences dramatiques, les agressions sexuelles et les viols brisent des vies. Heureusement, on peut se reconstruire. Mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts, il faut passer par de nombreuses étapes extrêmement douloureuses, et l’on n’obtient pas toujours l’aide et le soutien que l’on devrait avoir, bien au contraire.
Femmes ou hommes, quand on parle de viol et d’agression sexuelle, il est toujours très important de faire attention. Que ce soit dans la sphère privée ou publique : non seulement parce que vous ne savez pas ce que la personne en face de vous a vécu, mais aussi parce qu’on a souvent tendance à employer des termes qui minimisent les agressions. Moi même je ne suis pas à l’abri de faire une erreur, personne ne l’est. Alors faisons attention.
La prise de parole des hommes
Il est important, que les hommes prennent la parole sur ces sujets là, ils sont concernés par le féminisme, il faut qu’ils nous soutiennent publiquement, mais pas comme ça. Là, c’était malvenu et déplacé. Il faut savoir rester à sa place, surtout et dans ce cas, quand celle-ci est celle de l’agresseur. Il faut que l’on parle des agresseurs, il faut que les hommes prennent la parole, je le maintiens, sinon on n’avancera pas (à mon sens). Certains hommes le font très bien, il y a de l’espoir !
Qu’avez-vous pensé de ces prises de parole ?
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